samedi 30 mars 2013

Les Brigades Fantômes de John Scalzi

« Les Brigades Fantômes »
de John SCALZI 2006 Ed. Atalantes 
(VO 2007 – The Ghost Brigades)


couverture ed. Atalantes

Quatrième de couverture: 
Tu t'appelles Jared. Ta mère est une cuve et ton esprit n'est pas le tien. Tu as parlé à soixante secondes, marché à deux minutes et pris la navette à une heure dix.
Ton avenir ? Il ne t'appartient pas. A deux semaines, tu intégreras le corps d'élite des Forces de défense coloniale, les " Brigades fantômes ". Au nom de l'humanité, toi qui n'es pas vraiment humain. Mais l'esprit-qui-n'est-pas-le-tien grandit en toi. cet esprit qui, ailleurs, planifie la destruction de l'humanité. Au nom de quoi, au nom de qui ?
Et toi, que choisiras-tu, Jared?

J'ai chroniqué le premier livre de l'auteur il y a à peine quelques semaines. Le vieil homme et la guerre était l'un de ses romans qui se ferme avec un peu de mélancolie, j'étais triste à l'idée de quitter John Perry le héros, son humour et ses aventures. Évidement le deuxième tome m'attendait sagement dans ma pile à lire. Je savais que je ne reverrais pas John Perry (en tout cas pas avant le troisième tome de la série) avant le troisième tome intitulé « the last colony ».

« Les brigades fantômes » est évidemment une suite commerciale mais il a reussi à sortir son épingle du jeu en alliant aventure, divertissement et une certaine réflexion sur la guerre dans la lignée de son prédécesseur.

Le roman va nous dévoiler la partie cachée de l'iceberg, évoqué dans le premier opus, à savoir que sont les brigades fantômes ? Nous savions qu'il s'agissait de clones fabriqués à partir de l’ADN des engagés volontaires mais dont le transfert de personnalité n’avait pas pu être réalisé à cause de la mort du patient survenue avant l'incorporation. John Perry avait donc rencontré plusieurs membres des brigades fantômes, ainsi que le lieutenant Jane Sagan qui portait l'adn de sa défunte épouse, enterrée sur Terre.

Jared Dirac le héros de ce roman est un membre des brigades à une différence près, et pas des moindres, puisqu'il possède en lui, l'enregistrement de la conscience de Charles Boutin, un humain traître à l'humanité qui a réussi l'exploit de fédérer trois races extra-terrestres contre les forces de défenses coloniales.

L’alliance de ces trois races extraterrestres ennemies pose un gros problème aux FDC, en partie à cause des connaissances de Boutin, spécialiste de la technologie de « l'amicerveau » dont tous les soldats des FDC sont dotés. Est ce que le transfert de la conscience de Boutin dans un clone possédant son ADN suffira et permettra de découvrir ses motivations et le but de sa trahison ? Grande question métaphysique qui aura sa réponse dans le roman.

Malheureusement pour Dirac, le transfert ne prend pas et les forces de défenses décident de l'utiliser pour ce qui était sa fonction première : être membre des brigades fantômes et les servir du mieux possible, surveillé tout de même par son chef d'escouade, le lieutenant Sagan. Mais le soldat Dirac montre d'emblée des différences avec ses pairs, jusqu'à devenir autre chose.

le roman s'articulera principalement autour de trois grands axes : 
  • l'introduction
  • le soldat Jared Dirac
  • le retour de la conscience de Boutin et la conclusion
L'introduction : Celle ci révèle le contexte, la trahison de Boutin et l'alliance des trois races extra-terrestres contre les FDC. A cette occasion, la conception de Dirac sera évoquée.

Le soldat Dirac : incorporation et premières missions, les premiers pas du lecteur dans un cerveau d'une recrue des forces spéciales.

Le retour de la conscience de Boutin et la conclusion : Dernière partie, l'expérience Dirac se révèle être un succès et permet de localiser Boutin.

On retrouve ici l'univers de space-opera abordé dans le premier tome, mais « les Brigades Fantômes » est plus abouti que son prédécesseur, plus réfléchi. Les thèmes principaux abordés dans ce tome, sont : l'aspect antimilitariste, la quête d'identité, le libre arbitre ou la recherche de l'âme. Tous sont traités de manière intelligente, et l'on se prend à ne pas pouvoir décoller les yeux du roman.

Bilan : Une bonne lecture pleine de suspens et de sentiments. Sans oublier les scènes de batailles que Scalzi maîtrise toujours à la perfection. Personnellement j'adore. Une bonne dose de space-opera, de batailles, vous mêlez le tout avec un soldat attachant qui porte malgré lui quelque chose qui va lui porter tort. Un must. Une commande c'est sur mais une commande bien reussi!

Je lui met un bon 17/20

vendredi 22 mars 2013

BEFORE WATCHMEN 2 in the kiosques...




Après un lancement en fanfare, le numéro de Before Watchmen n°2 est sorti, toujours avec 2 couvertures, aux alentours du 18 Mars 2013. La série s’étant très vite essoufflée aux USA, on est en droit de se demander si la ligne trouvera son public parmi les lecteurs de comics français.

La couverture A est signée Andy et Joe Kubert, la couverture B est signée… Jim Lee !


Pour ce qui est du contenu, sur le papier il est toujours alléchant puisque l'on poursuit avec certains grands noms des comics US qui sont censés nous dévoiler les secrets des Watchmens... (contient les épisodes US MINUTEMEN #2, SILK SPECTRE #2, COMEDIAN #2, OZYMANDIAS #2, NITE OWL #2)... Reussiront ils leur pari, alors qu'Alan Moore crie au scandale à qui veut bien l'entendre, un peu partout sur la planète?

- Darwyn COOKE poursuit son histoire de la première mission des Minutemen : Pour l'instant, c'est globalement la seule histoire qui vaut le coup. Le fait qu'on ne s’intéresse pas directement aux héros des Watchmen y est peut être pour quelque chose. On y suit ici les aventures du premier groupe de super-héros, composé entre autres, du juge, du premier hibou, de l'homme volant, dollar bill et du comédien. Je dois dire que c'est plutôt reussi. Il s'agit là des mémoires du premier hibou qui raconte l'envers du décors des premiers minutemen. Cet autre côté de la réalité est conforme à l'image que le grand maître pouvait en avoir. Cette histoire est réussie et passionnante.

- Brian AZZARELLO et J.G. JONES envoient le Comédien au Vietnam : suite du meurtre de kennedy. Globalement inintéressant.

- Darwyn COOKE et Amanda CONNER suivent les aventures de Laurie à San Francisco  : personnellement j'aime bien. La crise d'ado de la jeune fille surentrainée, que sa mère couve et qui part chez les hippies. Mais elle est vite rattrapée par son destin. Histoire que je trouve intéressante, aux dessins plutôt réussis.

- JM STRACZYNSKI, Andy KUBERT et Joe KUBERT opposent le Hibou et Rorschach à la Dame du Crépuscule : histoire très classique présentant peu d'intérêt.

- Ozymandias fait sa première sortie sous les auspices de Len WEIN et Jae LEE : L'histoire pourrait être interessante, mais personnellement je n'y arrive pas. Les dessins de Jae lee ne sont pas à la hauteur. Il se contente de faire que des profils ou des tête de face... Bref... A quoi ça sert de faire un graphisme chiadé si c'est pour faire une position de débutant...

Bref, j'aurais pensé tenir plusieurs numéros mais je dois avouer que c'est globalement insatisfaisant. Seules les histoires des minutemen et du spectre soyeux me font tenir le coup pour l'instant.

A bon entendeur...



vendredi 15 mars 2013

Anges déchus - Takeshi Kovacs de retour

"Anges Déchus" 
 de Richard Morgan - Editions Bragelonne - paru en 2003 
(en VO "Broken Angels" parution 2003)
couverture Ed. Bragelonne
Quatrième de Couverture : Réenveloppé dans un corps idéal pour le combat tactique, l'ex-Diplo Takeshi Kovacs est aujourd'hui un mercenaire engagé dans une guerre sanglante qui ravage la planète Sanction IV, sponsorisée par le Protectorat des Nations unies, qui souhaitent mettre un terme à la révolution qui soulève ce monde.
Pris dans la tourmente politique, Kovacs a décidé de tenter sa chance et profite du conflit pour rejoindre un petit groupe essayant de s'approprier une découverte archéologique qui n'a pas de prix. Et, de fait, il se retrouve propulsé dans un maelström d'intrigues et de trahison en comparaison duquel le conflit qu'il vient de quitter fait pâle figure.

Car toutes les corporations tueraient pour cette découverte. Une découverte qui risque de signifier la fin de l'humanité ou le début d'une nouvelle ère. Car dans ce xxviie siècle d'une humanité ravagée par la violence, la folie et l'envie, les hommes sont bien mal préparés à l'héritage qui s'offre soudainement à eux : les étoiles !
On retrouve Takeshi Kovacs, notre mercenaire aguerri, qui reprend du service parmi ses premiers amours, c'est à dire l'armée et la guerre. C’est donc en mercenaire ex-diplo aguerri qu’il réapparaît dans cette histoire. On est d'emblée un peu éloigné du personnage du premier opus.

Il livre un combat en compagnie "des loups de Carerra" dans le but de libérer la planète Sanction IV des troupes rebelles de Kemp. Alors qu'il est en convalescence à l'hôpital orbital il va être contacté pour participer à une mission un peu spéciale. Un pilote contacte Kovacs et parvient à l'embringuer dans la récupération d'un trésor archéologique Extraterrestre que personne n'a encore revendiqué. Le pilote est celui de la première expédition qui a été entièrement éliminée. La difficultée sera double pour notre héros : 

- L'artefact est en zone de guerre (aie aie aie)
- il s'agit d'une porte spatiale qui permettrait d'accéder à un vaisseau ET abandonné. (Et ça n’intéresse personne?)

Afin de mener à bien cette mission un peu spéciale, Kovacs devra s'approcher d'une corpo qui pourra lui fournir les moyens permettant de mener à bien la mission. Au passage il compte se faire un peu d'argent avec cette histoire, mais il apparait que tout n'est pas si simple.
Ed. Milady poche

Anges déchus est une suite, certes, qui peut se lire sans avoir lu le premier opus. Moins novateur que le premier qui a été une claque dans un genre que l'on croyait tous en faillite (le cyberpunk). L'ambiance y est plus space-opéra, un peu plus dirigiste et peuplée de gros bras, contrairement au premier qui nous entrainait dans une enquête (avec beaucoup d'action) teintée d'un fort suspense. Ici le scénario est plus classique, mais le plaisir de retrouver Kovacs reste entier, pour ceux qui n'ont pas lu Carbone Modifié (y en a? c'est possible?) comme pour ceux qui l'ont lu.

Bref je lui met un petit 13/20... 

D'une part parce que pour moi le changement a été trop grand, j'aurais bien aimé resté dans le cyberpunk dynamique comme celui de Carbone Modifié, et d'autres part parce que ce tome est le plus "plat" des trois. C'est le problème quand on démarre sur des chapeaux de roue avec un roman comme Carbone Modifié, il faut une suite du même calibre. Pourtant ce récit est reussi.


samedi 9 mars 2013

L'incontournable "Carbone Modifié" de Richard Morgan

"Carbone Modifié" 
 de Richard Morgan - Editions Bragelonne - paru en 2003 
(en VO Altered Carbon parution 2002)

Editions Bragelonne - couverture


Quatrième de Couverture : Au 26ème siècle, l’humanité s’est répandue à  travers la galaxie. Le Protectorat des Nations unies maintient une poigne de fer sur les nouveaux mondes, avec l’aide de ses troupes d’élite : les Corps diplomatiques. La technologie a apporté ce que la religion ne pouvait garantir ; quand votre conscience peut être stockée dans une pile corticale et téléchargée dans un nouveau corps, même la mort n’est plus qu’un dérangement mineur. Tant que vous avez les moyens de payer…

L’ex-Diplo Takeshi Kovacs avait déjà  été tué, avant ; mais sa dernière mort en date a été particulièrement brutale. Injecté à  travers des années-lumière, il est réenveloppé dans un corps à  San Francisco, sur la Vieille Terre, à  la demande d’un riche magnat qui souhaite élucider sa propre mort. La police a conclu à  un suicide. Mais pourquoi se serait-il suicidé alors qu’il sauvegardait son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ? Balancé au centre d’une conspiration vicieuse, Kovacs réalise bientôt que la cartouche qui a troué sa poitrine sur Harlan n’était que le début de ses problèmes…

Premier roman de Richard Morgan, que je n'ai pas pu m'empêcher de relire une nouvelle fois. Dynamique, intriguant, puissant, doté de personnages bien stylés, ce livre est une bombe atomique et une véritable claque dans la gueule. A la manière d'un certain Dan Simmons (Hyperion), Morgan s'est imposé d'emblée comme un auteur à suivre dans le panthéon des grands de la SF!...

Il réussit avec brio dans un genre déjà dominé par quelques pointures du genre, et pas des moindres puisqu'il s'agit de William Gibson (le Neuromancien, etc...) et de Walter John Williams (Cablé +), deux auteurs ayant défini les paramètres du genre avec une qualité sans égale. Morgan évite de sombrer dans le cliché, et mieux que cela, il se permet de donner un nouveau souffle dans un genre que l'on croyait enfermé dans les stéréotypes et les conventions des grands maîtres cités au dessus, j'ai nommé le CYBERPUNK.

Dans le roman dés la naissance, on vous branche une pile dans la colonne vertébrale. Elle contient votre conscience, votre cerveau, votre âme. Si jamais votre corps meurt, cela permet de vous transposer dans un autre (si vous en avez les moyens). Cela présente deux autres intérêts dans ce monde là, qui possède des colonies lointaines :

  1. le Téléchargement de conscience : Au lieu de perdre du temps dans le transport des troupes de la Terre à la planète se trouvant à des années lumières de là, on télécharge le soldat dans un nouveau corps. Ce sont les "Diplo", soldat d'élite dont à fait partie le héros du roman Takeshi Kovacs. Cette unité d'élite est entrainée à subir le contre-coup de l'adaptation à un corps qui n'est pas le sien.
  2. La mort réelle n'existe plus : La seule vrai mort est de détruire la puce mémorielle. Tuer un corps n'est qu'un délit, à part que les pauvres n'ont pas forcément les moyens de s'en procurer un autre, et que les riches peuvent sauvegarder leur puce toutes les 24 ou 48 heures sur un serveur indépendant.

Dans cette histoire, nous allons suivre Takeshi Kovacs, un type avec une vie qui sort de l'ordinaire. Ce dernier est en "prison", sa puce est déconnectée d'un corps humain et va être "réveillée" et envoyée sur Terre pour résoudre une affaire de suicide. A cela près que son employeur (qui est prêt à négocier sa libération définitive en échange de la réussite de l'enquête) est le suicidé lui-même. Ayant sa conscience sauvegardée, il veut savoir pourquoi son lui d'il y a 48 h a mis fin à ses jours en grillant sa propre puce.
 
Vous l'aurez compris comme je l'ai dejà dit dans mon dossier polar et SF, Carbone Modifié est un thriller futuriste.

Morgan parvint à mélanger les genres, cyberpunk, SF, space opéra, thriller, humour et surtout action avec brio. Le roman est captivant de bout en bout, vous voudrez de Takashi Kovacs comme ami pendant un moment. Takeshi KOVACS n'est pourtant pas tout blanc, il s'agit d'un ancien super-soldat au passé un peu louche qui l'a conduit à la prison et il a une facheuse tendance à défourailler un peu dans le tas. Mais il est attachant, très attachant même.


Le roman est une réussite absolue, bien que certains puisse en reprocher le côté action prononcé, plus en tout cas que son côté SF. Tout est bon, les second rôles hauts en couleur comme ceux qui se trouvent au premier plan. Kovacs intrigue et l'on a envie qu'il réussisse. On pourra retrouver d'ailleurs ses aventures dans deux autres romans (Anges Déchus et Furies Déchainées).

Si je devais lui mettre une note, je lui mettrais un 18/20.

couverture réédition poche

Richard Morgan a abandonné son poste de lecteur l’université de Strathclyde (GB) pour devenir romancier à  plein temps. Carbone modifié est son premier roman. Il a été optionné dès sa sortie par Joel Silver (producteur de Piège de Cristal, L’Arme Fatale et Matrix), qui devrait l’adapter au cinéma pour la Warner.



dimanche 3 mars 2013

le vieil homme et la guerre - trilogie de john Scalzi

« Le vieil homme et la guerre » 
de John SCALZI – Editions ATALANTE - parution 2007 
(en VO Old man’s war parution 2005)

Couverture chez ATALANTE Ed.
 Quatrième de couverture :
J’ai fait deux choses le jour de mes soixante-quinze ans : je suis allé sur la tombe de ma femme. Puis je me suis engagé. A soixante-quinze ans, l’âge requis, John Perry n’est pas le seul à intégrer les Forces Spéciales de défense Coloniale, billet pour les étoiles, mais sans retour. Rien ne le retient plus sur Terre. Combien d’années peut-il espérer vivre ? S’engager, c’est protéger l’expansion de l’humanité dans la Galaxie, retrouver une seconde jeunesse et, à l’issue du service, obtenir le statut de colon sur une planète nouvelle. Mais qu’advient-il réellement de ces recrues ?



Dans la lignée de Starship Troopers de Robert Heinlein et de la guerre éternelle de Joe Haldeman, John Scalzi, pour son premier roman, a été finaliste du prix Hugo et a obtenu le prix Campbell du Meilleur nouvel auteur de SF.

Dés que l’on aborde les premières pages du « Vieil homme et de la guerre », on fait la connaissance de John Perry, le héros, parlant à la première personne. Sommes toute, il s’agit d’une introduction assez classique, un vieil homme usé par la vie dans une terre très proche de celle que l’on connait actuellement. Il se prépare à faire le deuil de sa vie, de ses enfants, de sa femme défunte et aussi de cette bonne vieille planète terre pour partir dans les étoiles s’engager parmi les forces spéciales de défense coloniale.

On peut distinguer quatre parties dans ce roman :

  • Le recrutement et l’engagement de John Perry
  • Le départ pour les FDC
  • Les classes du nouveau soldat
  • La guerre

Le recrutement de John Perry

A peine les premières pages tournées, on prend très vite en sympathie ce vieil homme bourré d’humour qui part faire sa visite médicale d’incorporation. Les infos sur ce qu’il va advenir de lui sont distillées de manière parcellaire, juste de quoi laisser le lecteur avec l’envie d’en savoir plus. Passé le bureau du recrutement, on met enfin le pied dans un semblant de début de roman de SF. Désormais déclarées mortes sans aucun espoir de revenir un jour sur la Terre, les nouvelles recrues prennent le « haricot », une sorte d’ascenseur Terre-Espace relié à un câble qui les mènent au vaisseau spatial chargé de les mener à leur destin.

John sympathise immédiatement avec un groupe de vielles personnes enrôlées elles aussi et tous ensemble se surnomment amicalement « les vieux cons ». S’ensuit un dernier adieu envers la Terre et le commencement des tests médicaux destinés à les faire rajeunir. Toute cette première partie est ponctuée d’humour.


Le départ pour les FDC

John ne va pas rajeunir, son esprit va être transféré dans un corps cloné à partir du sien. Ce corps est parfaitement adapté à la carrière militaire qu’il vient d’embrasser : plus fort, plus puissant, plus rapide, plus endurant, capable de faire de la photosynthèse, de voir la nuit, de voir de loin, doté d’un « amicerveau™ » (sorte d’intelligence artificielle interconnectée et multitâche au service du soldat) et dont les veines sont parcourues par du Sangmalin™, offrant de meilleurs avantages que le sang classique. Les vieux cons doivent alors donner des noms à leurs amicerveaux™ , John le nomme « fumier », les autres appellent le leur « grosse merde » ou encore « sale garce »… Dotés de leurs nouveaux corps stériles, les recrues sombrent dans une frénésie sexuelle et sportive nécessaire à leurs « acclimatation » avec ces nouveaux « eux ». Cette partie du roman est bourrée d’humour.

Les classes des nouveaux soldats

Cette partie « classe » militaire, découverte des capacités, apprentissage de l’usage de l’amicerveau et des armes ainsi que des équipements des FDC n’est pas sans rappeler le roman (ainsi que le film) Starship Troopers de Robert Heinlein. J’ai même eu une pensée pour La stratégie Ender de Orson Scott Card, auquel cette période d’entrainement de troupes m’a fait penser. Que peut on faire avec un corps qui voit dans le noir, qui n’a besoin que de deux heures pour se reposer et qui peut courir un marathon en moins d’une heure ?...

John Perry, à la base anti-militariste, s’adapte plutôt bien à cette nouvelle vie. Il devient même chef de sa section, sous les ordres de l’adjudant Ruiz qui n’est pas sans rappeler un certain sergent instructeur Hartman (personnage du film « Full Metal Jacket » de Stanley Kubrick).

La Guerre

Enfin, John Perry intégrera un escadron d’infanterie pour y accomplir son devoir. Il s’illustre à ce titre dès la première bataille en trouvant une solution de tir face aux chitineux « Consus », extra-terrestre au côté religieux très prononcé, évitant une perte nombreuse parmi ses frères d’arme. Il découvre la réalité d’une guerre face à des ennemis contre lesquels on ne sait parfois pas grand-chose, et dont les capacités nous sont étrangères.

Il sera en proie à une prise de conscience brutale en plein milieu d’une bataille, avant de subir le pire revers de sa carrière, son Dien Bien Phu à lui et d’être le seul survivant de sa compagnie. Il rencontrera suite à cet épisode les énigmatiques Brigades Fantômes, dont les rangs sont composés avec les corps clonés des volontaires morts avant l’heure, et il découvrira l’amour.

Bref, je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de cette énorme surprise que constitue la lecture du « vieil homme et la guerre » de John Scalzi.

John SCALZI

Bilan :

Un premier roman que l’on peut qualifier de réussi. Sa lecture est fluide et le lecteur s’y trouve impliqué du début à la fin. La montée en puissance du héros, de son intégration à son service actif en tant que soldat donne un rythme à la dégustation de ce roman, que, personnellement je n’ai pas décroché de la première à la dernière page. Une sorte de plaisir jouissif en ressort, sûrement mon vieil instinct de rôliste ayant côtoyé des jeux proches de style qui parle.

L’aventure de John Perry fleure bon l’héroïsme, le space-opéra et l’action. John Scalzi excelle dans l’art de conter les scènes d’action et de bataille à plusieurs, le lecteur est littéralement plongé dans le feu de l'action et pour ma part j'ai adoré cela. Scalzi arrive à mélanger humour, mélancolie et action avec une facilité déconcertante.

Le postulat du vieil homme incarné dans le corps d’un jeune soldat qui a tout à apprendre confère au personnage de John Perry une sérénité à toute épreuve. Avoir déjà vécu une vie ça donne des bases mentales solides aux jeunes recrues.

Ces « bleus » sont d’ailleurs prêts à tout donner dans cette nouvelle vie offerte par les FDC car le constat est simple : il vaut mieux mourir dans un corps jeune que dans celui d’un vieillard aux portes de la mort. On regrettera que le roman se termine si tôt, de ne pas avoir plus d'explications sur les races extra-terrestres, les raisons d'être de la guerre entre les peuples de la galaxie, etc... Quoiqu'il en soit ce roman est une petite bombe.


Je ne peux que vous conseillez de le lire, que vous soyez fans de space-opéra ou pas. Je vais m'empresser de débuter la suite :  « les brigades fantômes ». 

Si je devais lui mettre une note sur 20, je pense que je lui donnerais un bon 17/20